Kashink, Anis et Snez sont tous les trois issus de la nouvelle scène street art parisienne. Ils ont en commun un attrait pour la culture latino-américaine et leurs nombreux voyages dans cette région leur ont fait découvrir un concept unique qui les a beaucoup influencé dans leur style de peinture : la “buena onda”. Une joie de vivre bien spécifique à leur style graphique, tantôt abstrait ou figuratif, mais caractérisé par l’utilisation de couleurs vives et de traits marqués. Lettres, bouches, yeux multiples, tâches, coulures, tous ces éléments s’entrechoquent dans leurs œuvres pour créer un joyeux mélange de teintes flashy. Et même si quelques crânes viennent se glisser ça et là, ce n’est que pour mieux nous inciter à profiter de la vie et la célébrer de toutes les couleurs, c’est aussi ça la “buena onda”!
« J’ai commencé le graffiti étant adolescent, au fil des années je peignais de plus en plus de fresques sur les murs autorisés jusqu’à la découverte des friches industrielles. Les friches sont des lieux chargés d’histoire où il se dégage une atmosphère particulière, l’on si sent hors du monde. Il est intéressant de voir que chaque lieu a un vécu et un décor différent. Ainsi, peindre ces lieux où la nature reprend ses droits, où le mur s’effrite aux couleurs passées, crée une ambiance à mes graffiti, puis le fait que le lieu soit vierge permet d’en retirer une photo unique. Aujourd’hui je ne peins quasi jamais plus de murs légaux, je préfère peindre un store, un train, des friches, coller des affiches car les supports sont vierges.
Ma peinture dans le graffiti se traduit en tags abstraits décomposés, remplis de volutes se repassant les unes sur les autres. Elle est toujours accompagnée de tètes de personnages naïfs et de motifs enfantins, le but est de créer un ensemble où les éléments communiquent entre eux comme, par exemple, des yeux qui se regardent entre des lettres abstraites. J’aime bien y ajouter également une touche d’organisme comme des pochoirs de feuilles de lierres.
De plus, notre peinture dans le monde du graffiti est différente car nous associons peinture à l’acrylique et aérosol. Les remplissages sont essentiellement aux rouleaux, (peinture trouvée dans la rue) ce qui crée un rendu plus artistique moins parfait et plus monumentale.
Avec Snez, à la suite d’un voyage en Argentine en 2007, nous avons agrandi notre collectif « LF » à des Argentins, des Chiliens et des Canadiens, nous peignons et faisons des expositions partout dans le monde. Ce premier voyage nous à énormément influencé par le fait qu’ils peignent essentiellement aux rouleaux et qu’ils ajoutent une quantité de motifs incroyables. J’y suis retourné quatre mois en 2010, pour y faire des expositions et peindre comme un ouf ! »
Kashink Parcours 1981 : naissance à Alès Vit et travaille à Paris
De ses origines slaves et hispaniques, Kashink tire son inspiration pour créer des personnages hauts en couleur.
Parisienne, elle fait partie de ces rares filles très actives dans le mouvement street-art/graffiti, et se démarque par son style très graphique. Des têtes de mort colorées comme des vanités revisitées à la mexicaine, des personnages masqués ou aux yeux multiples, des créatures protéiformes aux allures de catcheurs, Kashink compose et déforme ses personnages, très loin des références traditionnelles du graffiti féminin.Elle aime aussi détourner les symboles religieux, elle étend sa création à des “Ex-Voto”, petits objets votifs encore aujourd’hui beaucoup utilisés dans la culture latino-américaine qui la fascine. En 2003, elle vit un temps aux Etats Unis et se familiarise avec les traditions de celle-ci. KASHINK effectuera par la suite de nombreux voyages en Equateur et au Mexique, où elle trouve une grande inspiration dans les portraits de Frida Kahlo et les fresques des muralistes mexicains.
Son style est aujourd’hui très reconnaissable sur la scène européenne.Après avoir beaucoup exposé dans des lieux alternatifs et participé à de nombreux festivals graffiti, elle multiplie les solo shows en galerie et développe sa créativité en s’affranchissant des règles du milieu du street art, avec une approche plus plastique notamment par le biais d’installations.
«Le graffiti est entré dans ma vie il y a une dizaine d’années. Au début très attiré par le wild style, je m’en suis de plus en plus éloigné pour évoluer dans ce que j’appelle le style ignorant. Lettres simples et débiles accompagnées de personnages loufoques. Pour définir mon style, je dirais « psychadélico-enfantin ». Je peins surtout avec des rouleaux et fait mes traits au spray ou même parfois au pinceau. Cette manière de peindre me vient d’un voyage effectué avec Anis en Amérique du sud. C’est plus agréable, plus fat et surtout plus économique qu’une pièce entièrement réalisée à la bombe. J’aime le fait de peindre en grand sans être bloqué par le bord de la feuille. L’esprit de liberté des friches où l’on se sent hors du temps et dans un endroit qui est mort auquel on redonne vie me plait. J’aime aussi beaucoup le fait de peindre à plusieurs sur un même mur, mélanger nos formes dans une spontanéité qui est propre au graffiti. C’est donc les couleurs pastel qui m’intéressent sans oublier de les faire briller avec un coup de fluo ou de couleurs bien « flashy ». Les randonnées colorées me trainent partout en Ile de France mais aussi en province ou à l’étranger. Au fil des rencontres, on a de plus en plus envie de bouger et peindre encore plus… Je peins dans le collectif international LF (La Firm). En dehors des murs et autres supports roulant, mon travail se porte aussi sur la toile. Le fait de peindre sur toile pousse mon univers vers l’abstraction. Ainsi ce que je fais sur mur se recoupe avec ce que je fais sur toile et inversement. Les deux médias communiquent entre eux malgré moi pour faire évoluer mon style dans une direction commune. »
EXPOSITION BUENA ONDA [Anis – Kashink – Snez]
du 9 mars au 9 avril 2011 Entrée libre
du mercredi au samedi de 14h30 à 19h30
Galerie Ligne 13 – 13 rue La Condamine 75017 Paris
Tél : 01 45 48 44 22
Merci Vito !