Rero Interview

– Pourrais-tu te présenter  en quelques mots et nous décrire ton parcours ?

Je découvre la peinture avec la 100 RANKUNE Clic (SRE), fin des années 90.
Pas mal de Lettrages sous le pseudo d’AURER, et premières petites histoires avec les Hommes de Loi  qui me poussent à changer de supports et à m’adapter…C’est souvent la restriction, qui me motive à changer de forme d’expression et de supports. J’aime beaucoup jouer avec les textes, ceux de loi ici particulièrement, et adapter mon travail en fonction. C’est vrai que dans le cadre d’une vie en Société, ces textes  sont souvent censés organiser les rapports entre les gens… c’est donc tout naturel que beaucoup de graffeurs se tournent vers la toile pour se libérer des contraintes du milieu social et approfondir ainsi leurs recherches graphiques. Je décide alors, de travailler en milieu clos sous le nom de RERO, rien d’original jusque là !! Je travaille la matière sur toile, bois, etc…puis découvre la photo… j’entame alors une overdose d’images… découle une nouvelle restriction qui me mène tout naturellement à la négation de l’image. Travail qui en mon sens, me parait plus mature et surtout plus révélateur de notre époque et de ce que nous risquons de devenir : des simples clients suivants.

– Tu travailles sur de nombreux supports et tu utilises des moyens d’expressions aussi variés que la photo, l’écrit, la peinture, le collage..
Quels sont les outils que tu préfères utiliser pour créer et pourquoi?

J’essaie d’expérimenter un type de support à la fois, que j’use, je triture, je maltraite, jusqu’à m’en dégoûter…Du moins pour un temps, car il m’arrive souvent de revenir sur certaines de mes pièces et de m’en resservir comme point de départ pour un nouveau projet.

Je travaille l’aérosol, l’acrylique, le pigment, le collage, la résine, le print, etc… ; la vie est trop courte. En ce moment je reviens à des créas beaucoup plus minimalistes en intérieur, comme en extérieur. Un petit retour vers l’essentiel. Je ne peux pas dire combien de temps cela va me durer.

En extérieur, je travaille aujourd’hui uniquement à partir de simples textes raturés sur fond Blanc qui donne sens une fois mis en situation. Mes thèmes de prédilections sont la propriété de l’image, sa négation, et le principe de l’acronyme WYSIWYG (What You See Is What You Get). J’utilise le Noir et Blanc, d’une part par la restriction du coût de l’impression mais surtout parce que dans la ville il y a une saturation de couleurs, qui rendent mes affiches encore plus visibles. Ainsi, le passant se retrouve forcé de lire mon message. C’est devenu pour moi, une forme d’agression visuelle poétique qui me paraît plus violente, en 2009, qu’une publicité sur un Billboard ou bien un Tag. Ce dernier étant maintenant institutionnalisé et la Publicité banalisée.  Et surtout, maintenant, on peut noter que les services de nettoyage enlèvent plus rapidement un TAG, plutôt qu’une simple affiche. De plus les sessions affichages sont plus tranquilles.

En intérieur, mon travail est beaucoup plus « délicat » (je ne sais pas si c’est exactement le mot). C’est au visiteur de s’approcher de l’œuvre pour découvrir le message, celui-ci ne vient pas à lui comme dans la rue. Le texte ne lui saute pas aux yeux tout de suite ; ici, aucune agression visuelle, c’est même l’inverse que je tente d’exprimer. Pour cela j’utilise la technique du gaufrage rehaussé par un simple fil blanc pour exprimer la négation comme celle que l’on retrouve à une plus grande échelle dans la rue.

– Comment se passe une séance collage de rue tel que la série Anakronism, comment réagit le public?

Le collage en rue, me permet de confronter mon travail à des gens qui n’ont absolument rien demandé et qui tombent bien souvent dessus par hasard, à l’exception des rares passionnés comme toi !! Des clients suivants un peu curieux, des gens qui n’ont pas pris la démarche de se faire une journée Musée ou encore une soirée vernissage dans une Galerie. Mes collages, s’adressent surtout à Mr Tout le Monde, qui est  dans sa vie de tous les jours, en transit, à vélo, en scooter ou à pieds, à qui j’arrache une réaction, voir même un sourire.
J’organise mes sessions le plus souvent le dimanche matin ; il m’arrive même de croiser des inconditionnels des virées matinales à travers la ville … Hein Vito ??
Toujours dans cette même idée de propriété privée, mes affiches sont téléchargeables gratuitement sur mon site.

– Au travers de tes créations “image négation”, que tentes-tu d’exprimer ?

A la suite d’une overdose d’image, dont nous sommes tous plus ou moins victime aujourd’hui, il m’est devenu impossible de créer une seule nouvelle image !! Un blocage, qui m’a conduit à substituer l’image par un texte, et qui une fois mis en situation, donne sens et crée une image. Je développe ce projet autour de quelques mots clés, à savoir :
L’Image, la Propriété, la Négation ou encore l’acronyme WYSIWYG (What You See Is What You Get = Tel affichage, tel résultat ; très utilisé en print). Mais je pense l’avoir assez développé au dessus.

– Quels sont les artistes qui t’inspirent le plus et que tu aimes?

En ce moment, j’aime beaucoup les installations de Filippo Minelli, BLU évidemment pour ses vidéos et ses travaux à l’échelle des grandes villes, les textes de Bronco, JUST pour ses coups de rouleaux, ANDREA CREWS pour son activism, HORFE pour son investigation dans le lettrage et encore biens d’autres !!

– Tu as récemment exposé à Berlin, comment à été accueillie cette expo?

C’était mortel !! Berlin, pour ça est une ville énorme !! Elle regorge de petits lieus merveilleux qui  subliment ton travail comme le laboratoire audiovisuel d’Antje Oeklesund ! Un bijou en matière de création et une très bonne réflexion sur le milieu intérieur et extérieur à travers des cubes blancs dans lesquels tu peux voir par un simple petit trou , seul vrai contact ou connexion avec l’extérieur !! Super intéressant, je vous laisse regarder la vidéo  et surtout vous y rendre !! Ces lieux permettent vraiment de faire la jonction avec un travail intérieur et extérieur.
Ça a aussi abouti à une proposition d’édition pour le projet de livre URBAN INTERVENTIONS par Gestalten qui sortira en Janvier prochain.

– As tu des projets en vu pour les mois qui arrivent ?

J’organise une exposition personnelle  autour de la phrase « VOUS ÊTES BIEN URBAIN » chez ARTYDANDY du 22 Octobre au 18 Novembre 2009 à laquelle tu es vivement invité !!
Des projections/Opening à Lille chez L’Hybride en Décembre. Et toujours quelques sessions dans différentes villes d’Europe avec une petite attirance particulière pour Berlin !!

–   Un dernier mot que tu voudrais partager ?

What You See Is NOT What You Get…

– Merci

Site web de Rero

Le Flickr de Rero

5 replies on “Rero Interview”

  1. Travail intéressant, mais la présentation est vraiment à soigner (c’est plein de ratures).
    Peut mieux faire !

    😉

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