Nouvelle exposition personnelle “C215” à Paris : “ERRANCE”
Une nouvelle fresque ainsi qu’une exposition permanente dans les nouveaux locaux d’accueil pour les sans-abris de l’association caritative ” La Mie de Pain / L’Arche d’Avenirs.”, 113 rue Régnault, 75013 Paris.
Inauguration le 17 octobre 2012 à 16h.
Pourquoi avoir choisi C215 pour l’exposition permanente au sein de cette nouvelle structure d’accueil pour les sans-abris ?
– Parce que C215 réalise des œuvres qui s’inspirent pour certaines, de personnes sans-abri. Les personnes mêmes qui fréquentent nos structures chaque jour, et que nous nous efforçons d’aider. Il s’agit également de street-art, un art ouvert et accessible à tous, aussi bien à un public « bourgeois » qu’à un public « à la rue ». De plus, c’est un art accessible aux sans-abris car les œuvres de C215 représentent des personnages, des situations, des images qui correspondent à ce que notre public vit au quotidien.
Enfin, nous aidons ces personnes « de l’urgence à l’insertion » (notre devise). Nous considérons que la réinsertion des personnes en précarité dans la société actuelle passe aussi par un accès à la culture. Et dans le cas précis, c’est même la culture qui vient à eux. Nous estimons qu’une personne en difficulté a droit, elle aussi, d’aimer l’art et d’en profiter.
Association Mie de pain / L’Arche d’Avenirs
Plus d’information concernant La mie de pain:
– Présentation générale de l’association
– Présentation de l’Arche d’Avenir ( Résidence où seront exposées les œuvres de C215)
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Interview de C215 pour l’exposition permanente “Errance”
– Pourquoi à ton avis les gens de La Mie de Pain / L’Arche d’Avenirs ont-ils fait appel à toi, connaissaient-ils ton travail et particulièrement ta série de pochoirs sur les sans-abris?
L’Arche d’Avenirs a fait appel à moi après avoir pris connaissance de mes différentes interventions institutionnelles dans le 13e arrondissement.
En effet, j’y ai réalisé une fresque, une série de boîtes à feu, une exposition de vitraux dans la chapelle Saint-Louis, la fresque introductive à l’hôpital de la Pitié, un caisson lumineux en façade latérale de la mairie et la cage d’asceneur de ladite mairie. C’est donc au plan local, que les relations se sont nouées. Le directeur était très sensible au fait que j’ai travaillé autant sur le thème des sans abris bien sûr.
– Sous quelle forme sera représenté ton travail dans cette résidence et quelle thématique vas-tu aborder?
Il s’agit d’un centre d’accueil diurne pour sans abris, mais qui accueille davantage des migrants que des “clochards” tel que nous nous les imaginons. Ce sera donc une thématique élargie à l’errance. C’est d’ailleurs le nom de l’exposition. Je vais effectuer une fresque dans la cour, qui se verra du réfectoire, ainsi qu’une oeuvre originale de grand format dans l’accueil, et une exposition labyrinthesque de tirages photos, qui fera cheminer au sein de l’établissement.
Je suis assez content de la mise en abîme de l’univers de la rue, au sein d’un espace dédié aux gens de la rue. Je suis plus fier encore de réaliser une exposition pour un public déclassé, une exposition permanente et non commerciale, qui mènera les amateurs à visiter un centre d’accueil et ses hôtes pour venir photographier ces tous derniers travaux. Loin du racollage commercial des galeries et des magazines à la mode.
Si je le pouvais, je me contenterais de réaliser des opérations de ce type plutôt que de servir de la soupe décorative aux bourgeois-bohème et autres spéculateurs qui s’entichent de collectionner du “street art”… On proteste sincèrement un jour, sans un sou en poche, puis les autres vous achètent votre protestation, dont vous commencez à faire commerce. Et c’est déjà le début de la fin. La révolte est alors bradée, avec un point rouge en bas à droite du cadre. Cette exposition se veut tout le contraire. Elle tente de faire sens et n’est pas commerciale, et c’est ce dont je suis le plus satisfait (c’était déjà le cas de mon exposition de vitraux à la chapelle Saint-louis, laquelle était un simple appel à la tolérance oecuménique)
– Pourquoi ne pas exposer plutôt des pochoirs (ou photos) sur des thèmes différents qui laisse peut être plus de place au rêve et à l’imaginaire (ceux réalisés au Maroc ou en Inde par exemple)
Parce que je tente de pratiquer un art contextuel, qui fasse sens en un lieu pareil. Je n’y expose rien qui puisse porter atteinte à la dignité des sans-abris, mais seulement des images qui leur évoque la rue, et le fardeau qu’ils trainent. On pourrait aussi y accrocher des photos de filles nues pour tenter de les distraire … mais ce n’est pas mon propos. Il ne s’agit pas d’une exposition décorative.
– Ces peintures ou photos seront-elles mise en ventes?
Certainement pas. Il est prévu que l’association réalise un calendrier qui sera revendu entièrement à son profit, et je les laisse libre d’utiliser mes images au profit de leur association pour d’autres dérivés. tant que les produits vendus seront vendus à leur profit intégral, je ne vois en quoi cela pourrait-il être kitsch.
– Le soir du vernissage penses-tu qu’il y aura des sans-abris.
Je ne sais pas, mais sûrement car il s’agit par ailleurs de l’inauguration du centre, lequel sera visités par quelques officiels : le centre sera donc en activité. j’espère personnellement que les publics seront mélangés.
– Les gens non sdf pourront ils venir voir l’expo une fois le vernissage passé?
Ils pourront la voir chaque jour, même si je pense sincèrement que les nécessiteux venus dans ce centre y trouver secours ont d’autres préoccupations que de visiter une expo ou d’apprécier mes oeuvres. Peu importe, si quelques uns s’y intéressent, je serais content. Et si quelques bourgeois se déplacent pour venir y prendre ma fresque en photo, alors ce sera parfait. Le public sera forcé de partager un moment avec des sans abris pour venir apprécier mon travail in situ.
– Connais-tu Alain, ce sdf qui grave des mots sur les murs de Rouen depuis plusieurs années? http://lesmotsdalain.free.fr/
je ne connaissais pas son travail. On peut dire qu’il s’agit réellement de graffiti. Du graffiti authentique, celui qui dit “j’existe et je suis passé ici”. On trouve de nombreux clochards artistes dans les rues du monde entier : j’en connais un à barcelone, un autre à rome. Il n’y a qu’un pas de la précarité à la banqueroute, de l’inspiration à la folie.
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